Le 20 février dernier, l’AÉSFQ a déposé un mémoire à l’Assemblée nationale, sur les conditions financières, spécifiques aux étudiantes sages-femmes.
Nous vous résumons les points saillants ici:
- Le programme d’aide financière aux études du MEES ne tient pas compte des contraintes économiques spécifiques à la formation des étudiantes sages-femmes.
Aucune dépense obligatoire n’est indemnisée pour l’ensemble des étudiantes sages-femmes pendant les quatre années du programme, elles doivent donc débourser, sans pouvoir travailler durant la majeure partie de leur formation, environ 21 140 $ en dépenses obligatoires liées aux stages auxquels coûts s’ajoutent les droits de scolarité, l’achat de livres, les frais de subsistance et de garderie/gardiennage, qui font facilement grimper la facture à 98 820 $ pour les étudiantes mères.
« Durant nos stages cliniques et notre internat, nous devons effectuer des visites prénatales et postnatales en plus d’assister à des accouchements à domicile et en centre hospitalier, à toute heure du jour et de la nuit, dans un rayon allant jusqu’à 100 km de la maison de naissance où nous travaillons. »
- Le MSSS ne reconnaît pas la contribution du travail des étudiantes sages-femmes stagiaires et internes.
À l’internat, les étudiantes sages-femmes prennent en charge 100% des tâches normalement assumées par leur préceptrice et assurent 100% des suivis de leur clientèle. Cela contribue grandement à l’organisation du travail des équipes sages-femmes.
« En stage, nous faisons partie prenante de l’équipe des sages-femmes ou de l’équipe de médecins avec qui nous travaillons. Nous travaillons selon des horaires atypiques, de nuit comme de jour, tels que vus précédemment, et offrons une très grande disponibilité à notre clientèle, peu importe notre niveau de stage. Actuellement, malgré une charge de travail et une responsabilité clinique grandissantes de stage en stage, nous n’avons droit à aucune reconnaissance financière ni aucun dédommagement pour des frais encourus par les stages (stationnement, repas, kilométrage, forfait de cellulaire, etc.). »
- L’endettement a un impact majeur sur le taux de diplomation des étudiantes sages-femmes.
Le taux de diplomation dans les délais prévus au baccalauréat en pratique sage-femme n’atteigne que 67 % contrairement à 85% dans les autres programmes de santé offerts par l’UQTR.
« La moyenne d’âge des femmes qui s’inscrivent au PBPSF est de 30 ans. Actuellement, 43% d’entre elles sont mères de famille, contrairement à une moyenne de 10% dans tous les autres niveaux d’étude confondus au Québec, ce qui les expose aussi à un endettement plus préoccupant, puisqu’il implique une famille. (…) L’éloignement du domicile familial de l’université visée joue un rôle en augmentant le coût de la fréquentation universitaire, en plus d’exiger un déracinement de la région d’origine. (…) Les étudiants plus âgés, parents, et qui ne résident pas chez leurs parents sont tous plus endettés. (…) Plus le coût des études est élevé, plus l’endettement est élevé. Avec plus de 6 000$ par an de frais obligatoires reliés aux stages, les étudiantes sages-femmes ont à débourser au-delà de 7 fois les frais annuels moyens des autres étudiantes québécoises. »
- La non-rémunération des stages et la non-adaptation du programme de prêts et bourses aux contraintes des étudiantes sages-femmes sont discriminatoires envers les femmes.
Il paraît évident que les étudiantes sages-femmes sont victimes d’une discrimination sexiste qui appauvrit les femmes et qui nuit à leurs études. Il est inacceptable pour une société qui se veut égalitaire, que les stages rémunérés soient dans les domaines d’études à prédominance masculine tels que le génie, l’informatique, le droit et, par le fait même, que les stages non rémunérés soient ceux à prédominance féminine tels que l’éducation à la petite enfance, les soins infirmiers et la pratique sage-femme.
« Les sentiments d’iniquité et d’impuissance sont souvent relevés chez nos étudiantes en situation de précarité financière compromettante. (…) À exigences égales, selon le principe d’équité, il est stipulé qu’un emploi traditionnellement occupé par des femmes, tel que celui de sage-femme, comportant une charge différente, mais équivalente, devrait obtenir la même rémunération qu’un emploi traditionnellement occupé par des hommes, comme celui de médecin. »