Rebozo

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12.04.2016 Thématique: Journal les PasSages, Volume 3 2 Commentaires

Je suis tombée dans les rebozos, comme Obélix dans la potion magique!

 

C’est en 2007 que nous nous sommes rencontrés, lors de ma formation de base en accompagnement à la naissance. Deux petites techniques et un grand coup de foudre! Je savais à ce moment-là que la prochaine formation que je m’offrirais serait à propos de l’utilisation du rebozo en périnatalité. Et c’est ce que je fis la même année.

 

Le mot rebozo signifie « châle » en espagnol. C’est un châle traditionnel mexicain utilisé dans la vie de tous les jours (accessoire mode, aide à transporter les provisions, porte-bébé ou hamac pour bébé…). Il est fort utile également pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale. Il est généralement tissé à la main en coton ou en soie, orné d’une frange à chaque extrémité et il n’est pas extensible. Ses dimensions peuvent varier de 1,50 à 3 m de long et de 60 à 75 cm de large. De nos jours, ils sont le plus souvent tissés mécaniquement, en acrylique.

 

Traditionnellement, le rebozo était offert par la mère à sa fille lorsque cette dernière se mariait et bien souvent entrait en même temps dans la maternité. Le choix de la fibre, des couleurs et des motifs représente la personnalité de la future maman. Le rebozo est une expression de l’art, de l’histoire et de la culture du Mexique. À une époque, on pouvait connaître le statut d’une femme dans la société à la qualité de son rebozo. Il est encore utilisé en milieu rural, mais peu présent dans les grandes villes.

 

Il facilite le transport de tout ce qu’on a besoin de transporter (des charges d’eau, du bois, des provisions…). Il aide à protéger le dos, ainsi qu’à protéger la grossesse.

 

Les sages-femmes traditionnelles utilisent le rebozo pendant la grossesse pour soulager les inconforts, lors de l’accouchement pour faciliter le travail et pour tous les soins destinés à la femme. La technique au rebozo la plus connue pratiquée par les sages-femmes traditionnelles mexicaines se nomme « Manteada » (bercement de l’abdomen avec le rebozo).

 

De cette première initiation avec le rebozo dans le contexte de la périnatalité, s’est ouvert à moi tout un monde de possibilités. J’ai découvert un savoir, un art. J’étais en amour avec ce bout de tissu qui devenait le prolongement de moi-même. C’est ce que j’aime dans l’utilisation du rebozo, c’est qu’il devient le prolongement de mes bras. Il me permet de toucher, de manipuler et de sentir l’énergie et les blocages sans toucher avec mes mains. Ce qui peut être pratique pour accompagner les femmes qui n’aiment pas le contact rapproché. Selon mon expérience, le rebozo permet un recul et cette distance est appréciée. Le rebozo, en devenant le prolongement de mes bras, facilite les manipulations tout en réduisant l’effort nécessaire pour les appliquer et tout en protégeant ma posture. Je pense ici à la compression des hanches pendant l’accouchement. Les femmes qui aiment qu’on presse très fort leurs hanches à chaque contraction nous demandent généralement de ne pas arrêter. Or, il est très forçant de le faire et de maintenir cette double pression à bout de bras, on se fatigue très vite. Avec l’aide du rebozo, il est très facile de le faire, pas forçant du tout et on peut même l’installer et le laisser en place.

 

J’ai suivi une formation en anatomie et périnatalité. Découvrant les os, les articulations, les ligaments du bassin, la physiologie de l’accouchement, la descente et les rotations effectuées par le bébé afin de naître; je me souviens très bien de l’éveil vécu à ce moment, sur toute l’importance de la mobilité pendant l’accouchement. À cette époque, un livre est venu enrichir mes apprentissages : Bouger en accouchant de Blandine Calais-Germain. Ce livre a été un moteur d’apprentissage magistral! Il venait compléter et approfondir mes connaissances en anatomie et confirmer l’importance de la mobilité pendant l’accouchement. Dès lors, le rebozo est devenu une véritable passion! Puisqu’il permet justement cette mobilité, peu importe la position ou le mouvement de la femme pendant l’accouchement. Ce fut une telle révélation que je n’ai plus jamais accouché ou vu un accouchement comme avant. C’est comme si je pouvais voir au travers du corps de la femme tout au long de l’accouchement. Avis aux intéressés, c’est selon moi deux formations qui se complètent très bien.

 

J’ai eu la chance d’être co-formatrice au Centre d’Études Périnatales de 2008 à 2011, où j’enseignais entre autres l’utilisation du rebozo. Le cursus présentait différentes techniques et principes d’utilisation. En parallèle, je poursuivais dans ma pratique de doula l’expérimentation du rebozo. Je l’utilisais avec mes clientes, mes amies enceintes, mon mari, mes enfants et bien sûr lors de mes propres grossesses et accouchements. Comme j’aime offrir des périodes de détente et d’énergisation en rencontres prénatales aux mamans que j’accompagne, je leur offrais de le faire en partie avec le rebozo en échange de leurs commentaires. C’est ainsi que j’ai pu parfaire plusieurs techniques apprises en formation ou en fouillant le web. Comme je suis autodidacte dans la plupart de mes apprentissages, le web offre une belle source d’information et d’inspiration. C’est suite à la fermeture du CEP en 2011 que des consœurs doulas qui me savaient passionnée par le rebozo m’ont demandé de monter une formation sur son utilisation étant donné qu’une telle formation n’existait pas au Québec. C’est ainsi qu’est né l’Atelier Rebozo en 2012. J’ai travaillé pendant un an à monter cette belle formation pratique présentant plusieurs techniques couvrant les périodes pré/per/postnatal, en plus du soin rebozo, des techniques de massage au rebozo et du portage. J’y partage toutes mes connaissances et ma passion!

 

En prénatal

Au cours de la grossesse, le rebozo est un allié de tous les jours.

Qu’il soit soutien, outil de détente et de relaxation ou encore tout simplement châle réconfortant; il permet de relâcher les tensions, de soulager certains maux de grossesse, de faciliter le quotidien et d’embellir notre ronde silhouette tout en conservant une bonne posture.

 

À l’accouchement

Lors de l’accompagnement à un accouchement, je ne m’en sers évidemment pas toujours, mais le rebozo est facile à traîner et je le sais disponible dans mon sac, au besoin. Pendant l’accouchement, le rebozo est un outil merveilleux permettant de faire des bercements, des effleurages, des étirements, des suspensions… Il facilite le positionnement ainsi que la mobilité (même sous péridurale)… On peut l’utiliser pour relancer le travail, pour repositionner le bébé, pour diminuer la douleur des contractions sans en diminuer l’efficacité, pour optimiser la poussée tout en protégeant le périnée. C’est un outil indispensable à avoir sous la main.

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Le rebozo est un outil polyvalent permettant de masser et de mobiliser le corps de la femme, que cette dernière soit assise, debout, couchée sur le dos ou sur le côté, à quatre pattes, sur un ballon, en suspension…

 

Un truc que je trouve bien utile lors de naissances, surtout en centre hospitalier, c’est de mettre le rebozo autour de la tête de la femme afin de réduire les bruits et autres sources de dérangements autour d’elle et lui permettre de rester centrée en elle-même et de préserver son contact avec son bébé. J’utilise aussi le rebozo pour relâcher des tensions et masser, voir bercer la femme (et son bébé!). Il y a ça de beau avec le rebozo, prendre soin de la femme ET de son bébé! Le rebozo est pratique également pour les suspensions en tout genre (debout, accroupie, assise). On peut passer le rebozo autour de nos épaules pour que la femme s’y suspende ou encore utiliser la barre de squat ou un cadre de porte. Il suffit de faire un nœud au bout du rebozo et de le coincer dans le haut d’une porte. On s’assure que la porte reste bien fermée et on tire très fort sur le rebozo pour que le nœud se coince fermement dans le haut de la porte. Ensuite la femme peut s’y suspendre si elle le désire. L’avantage de la porte selon moi est qu’on installe le rebozo et on le laisse en place. La femme peut l’utiliser à sa guise seule face à la porte ou encore dos à la porte en s’y pressant le sacrum. Du coup, on a les mains libres pour autre chose. Le rebozo peut être utile également au moment de la poussée pour les femmes qui ont besoin d’un second souffle à ce moment-là ou pour leur permettre de recentrer leur énergie.

 

En postnatal

La grossesse et l’accouchement ont agrandi le bassin à plusieurs niveaux. Le relâchement hormonal a permis une plus grande mobilité des articulations, une ouverture maximale de tout le bassin. Après l’accouchement, le rebozo est fort utile pour refermer le bassin en postnatal immédiat, ainsi qu’au cours des premières semaines suivant la naissance. Ce qui permet à la femme de retrouver son centre de gravité d’avant la grossesse et d’être soulagée des inconforts reliés au relâchement des articulations du bassin. On peut également utiliser un rebozo pour bander le ventre de la nouvelle maman afin d’éviter la sensation d’affaissement.

 

Soin Rebozo

Je ne peux pas vous parler du rebozo sans vous parler du Soin Rebozo. Il est offert à la nouvelle mère au minimum 40 jours après l’accouchement (ou n’importe quand par la suite lorsqu’elle se sent prête). Ce soin est un rituel permettant de marquer le retour à la vie quotidienne, la fin d’une étape. Il est généralement précédé d’un massage à 4 mains, parfois d’un bain aux herbes ou tout autre rituel ou symbolique important pour la mère. Il s’agit d’une fermeture physique, psychique et émotionnelle. Sept points de serrage sont alors réalisés sur le corps de la mère, permettant à celle-ci de se réapproprier son corps et de reprendre contact avec ce dernier. Un rituel de serrage peut également être fait 10 jours après l’accouchement afin d’aider la nouvelle mère à réintégrer ses limites corporelles, ramenant son ventre à l’intérieur de son corps, diminuant ainsi les troubles du postpartum (Baby Blues, dépression).

 

Portage

Le rebozo offre un portage en toute simplicité! Probablement le porte-bébé le plus facile d’utilisation! Faites un nœud et le tour est joué! Ajustable pour tous les porteurs (adultes, enfants). De la naissance à 2-3 ans et même plus! Idéal pour les portages de la vie de tous les jours. À avoir sous la main en tout temps! Dans la maison, au magasin, à l’épicerie, pour une petite ballade… Je le trouve agréable d’utilisation. Il m’a été très utile avec mes quatre enfants!

 

Esther-photoarticle3C’est avec plaisir que je vous ai présenté le rebozo. Si vous avez le goût de découvrir et d’explorer davantage ce bel outil, je vous invite à visiter la page FB de l’Atelier Rebozo. Deux formations vous y sont offertes, l’une sur l’utilisation du rebozo en périnatalité et l’autre sur les soins et rituels au rebozo. Au plaisir! J

 


2 Commentaires

  1. Gaëlle

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